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Je brode donc je vaux

Installation in situ dans le cadre de l'exposition "Les objets de la mémoire (de l'intime au collectif)", Manoir de la Ville de Martigny, 2021

 

Les questions de mémoire personnelle et collective sont au coeur du travail de Katerina Samara. Installée depuis quelques temps en Grèce, elle y vit dans la maison de sa grand-mère. Au gré du confinement, elle redécouvre les objets de son histoire et de celle de sa famille.

Katerina Samara propose un projet installatif conçu avec des tissus que ses deux grand-mères avaient pris soin de confectionner pour former le trousseaux de leur petite-fille. Le "trousseau" est un ensemble de linges de maison que reçoit traditionnellement une jeune fille qui se marie, c'est ce qui définit sa valeur. La masse de ces tissus témoigne du temps passé par ces femmes à broder, crocheter, tricoter ou coudre pour constituer cette dot, mais c'est aussi une façon de créer du lien entre les générations. Katerina Samara se souvient des échanges avec ses grands-mères autour de ces lignes de maison en cours de fabrication, et notamment d'en choisir les couleurs.

En écho aux créations de ses grand-mères, elle se  réapproprie les techniques traditionnelles dites féminines de broderie pour les détourner. Elle crée sa propre broderie, faite avec des couleurs vives et des points modernes pour la distinguer. Le message qu'elle y brode entre en conflit avec la coutume des mots de bienvenue. Ici les lettres grecques "Άντε γαμήσου" signifient "Va te faire foutre". Une injonction peut-être adressée à la tradition?

Les fils qui partent de cette broderie tissent un réseau de liens et de limite, telle une grande toile. Que faire avec les objets d'une mémoire qui disparait et qui nous dérange? Katerina Samara questionne ainsi notre rapport aux coutumes familiales et culturelles, aux objets personnels et/ou collectifs et au rejet d'une certaine mémoire.

Julia Taramarcaz

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